Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog  Art et Vin à LA PALME

Le blog Art et Vin à LA PALME

Association culturelle et artistique aux activités diverses : peinture, photo, art urbain, cuisine, peinture sur soie...


L'histoire des cépages (3) : la revanche du Carignan!

Publié par artetvin.lapalme.over-blog.com sur 24 Mai 2020, 07:07am

La revanche d'un cépage un temps décrié : le Carignan

Le carignan, un destin hors du commun ! C’est un cépage qui fut admiré, décrié, contesté, rejeté puis arraché (à coup de primes) au point d’être banni comme un pestiféré au profit du grenache et de la syrah. Sa faute : une plantation massive en Languedoc Roussillon suite à la crise du phylloxera (en 1968, il occupait encore, 211 000 ha). Son délit, sa productivité. On disait qu’il faisait pisser la vigne (lorsqu’il était planté en plaine), base d’une industrie du vin bon marché et de piètre qualité.  Mais aujourd’hui, c’est un retour en grâce, on se l’arrache ! Et quel pied de nez à son histoire ! Des primes sont distribuées pour sa replantation !

La feuille du Carignan

Originaire d’Espagne

Le carignan (carignano en languedocien) surnommé bois dur, en raison de ses rameaux très résistants, est d’origine espagnole. Son nom cariñena est celui d’une localité de l’Aragon dans la province de Saragosse. Il y est encore présent ainsi que dans le Priorat (à l’ouest de la côte orientale de la Catalogne) où il se montre exceptionnel sur les coteaux abrupts, des terroirs de schistes situés entre 300 à 600 m d’altitude. L’appellation DO cariñena est la plus ancienne appellation d’Aragon (communauté autonome bordée au nord par le piémont des Pyrénées méridionales). Si elle a donné son nom au carignan, il y est pourtant appelé localement mazuelo (ou mazuela). Mais nul n’est prophète en son pays puisqu’il est supplanté aujourd’hui par le grenache.

Le carignan, quelle revanche !

Le carignan a pu retrouver depuis une vingtaine d’années sa véritable place, celle d’un très grand cépage méditerranéen. Bien cultivé, bien vinifié, au rendement bien maîtrisé, le carignan est un atout dans un assemblage* et une perle rare en monocépage. Preuve de ce spectaculaire retournement : le cahier des charges de l’appellation Corbières-Boutenac. Elle en a fait depuis 2015, son cépage roi : Nous sommes la première appellation à avoir réussi à imposer le carignan (sur des vignes de plus de 9 ans) comme cépage primordial du cru déclare avec fierté Pierre Bories, président de l’AOC Corbières-Boutenac.

* Le carignan est souvent assemblé au cinsault, grenache, syrah, cabernet sauvignon, cabernet franc, mourvèdre et merlot.

La vigne des enfants, notre petit conservatoire des cépages
Le 11e cépage le plus planté dans le monde

Il fut dans les années 1980, l’un des plants le plus répandu dans le monde. Il est aujourd’hui à la 11e place des cépages le plus planté avec 160 000 ha. En France, il est très présent dans les Côtes du Rhône et en Provence. Dans le Languedoc où il a remplacé l’aramon, c’est le plus ancien cépage arrivé d’Espagne au XIIe siècle et le troisième le plus cultivé avec 30 000 ha (moins 53 % en dix ans à cause d’un arrachage massif mais salutaire). Il se plaît dans les collines et sur les terrains schisteux. Il donne des vins tanniques, colorés dont l’astringence et le manque d’arôme peut se combattre par la macération carbonique, une technique de vinification  initiée par Michel Flanzy (1902-1992), narbonnais et pilier de l’oenologie moderne,  auteur de La vinification par macération carbonique aux éditions de l’INRA.

Le carignan, que de qualités !

Il supporte bien la chaleur et le vent. Il aime les pentes sèches et pierreuses car très  sensible à l’oïdium. En plaine et en grosse production, il donne des vins peu alcooliques, sans caractère et souvent acides. En coteaux, bien conduit et bien vinifié, le carignan fait merveille avec des vins colorés, corsé et robuste, généreux et élégant, avec sans doute un peu d’astringence. Il demande alors à vieillir, développant des arômes de banane, de mûre, de cerise, de framboise, avec des notes de cuir, de pruneau, de violette et cet inimitable parfum de garrigue. Parfaitement adapté au climat méditerranéen, il se taille en gobelet ce qui permet avec ses feuilles retombantes, proche du sol de se protéger du soleil et de résister à des vents violents qui s’abattent souvent sur le pourtour méditerranéen. Autre qualité, sa grande résistance à la sécheresse. Son jus possède une belle acidité très recherchée dans les assemblages.

Ces carignans du bout du monde, de Tahiti à… la Chine en passant par la Californie...à la vigne des enfants de La Palme.

(source Le dico du Vin).

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents